La charge mentale professionnelle : ces salarié(e)s qui n’en peuvent plus…

En 2017, la dessinatrice Emma publie sur son blog une bande dessinée intitulée « Fallait demander » illustrant la répartition inégale des tâches ménagères dans un couple et la « charge mentale » qui affecte le bien-être des femmes touchées par ce phénomène social. Si l’auteure a très largement contribué à la popularisation de cette expression, la charge mentale est en fait un principe théorisé dès le milieu des années 80 en sciences humaines et sociales.

Dans le cas présent, on distinguera la charge mentale « domestique » (le travail de gestion du quotidien) de la charge mentale « professionnelle », un autre phénomène social étroitement lié à la charge mentale domestique. Mais qu’est-ce que la charge mentale professionnelle exactement ? Est-ce que les femmes sont les seules concernées ? Quel rôle les entreprises peuvent jouer ?

1 – Qu’est-ce que la charge mentale professionnelle ?

Pour mieux comprendre la charge mentale professionnelle, il est nécessaire de revenir sur la définition de la charge mentale. Dans son article La gestion ordinaire de la vie en deux publié en 1984, Monique Haicault, sociologue française, révèle que la  spécificité de la charge mentale réside dans la « simultanéité », c’est-à-dire que « les femmes balancent entre 2 lieux : l’usine, la maison, sans jamais se dépendre complètement de l’un quand elles sont dans l’autre » (Haicault, 1984).

Dans une étude de l’IFOP (l’Institut d’Opinion Publique) pour Mooncard relative à la charge mentale des cadres dévoilée en décembre 2022 (3ème édition), la charge mentale professionnelle est définie comme « l’encombrement psychologique provoqué par des préoccupations d’ordre professionnel, y compris en dehors des horaires de travail ».

2 – Mesurer la charge mentale professionnelle

Pour la 2ème édition (publiée en juin 2021), l’IFOP a créé un « indice de charge mentale » à partir de réponses à 6 questions : le niveau de stress ressenti au travail, le fait de penser au travail le soir, le week-end, l’impression de « ne pas s’en sortir », la difficulté à s’endormir le soir et le sentiment d’intrusion de sa vie professionnelle dans sa vie personnelle. La 3ème édition publiée en décembre 2022 révèle que l’indice de charge mentale est relativement identique à celui de 2021 : 4,5/10 en 2022 contre 4,6/10 en 2021. L’étude révèle également que 95 % des personnes interrogées pensent au travail le soir, 91 % le week-end et 82 % en vacances.

Mais les femmes sont-elles les seules concernées par la charge mentale professionnelle ? L’étude indique que 65 % des femmes voudraient démissionner, contre 54 % des hommes « seulement ». De plus, dans la 2ème édition publiée en juin 2021, presque la moitié des mères de famille interrogées (44 %) affirmaient déjà avoir souvent l’impression qu’elles n’allaient pas s’en sortir dans leur travail, contre 34 % pour les pères de famille. En clair, les femmes ne sont pas les seules concernées par la charge mentale professionnelle, mais elle semble toutefois peser davantage sur elles.

 

 

3 – Quel rôle les entreprises peuvent jouer ?

Les entreprises jouent un rôle essentiel dans la diminution de la charge mentale professionnelle. D’ailleurs, l’article L. 4121-1 du Code du Travail énonce que « l’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ». Les entreprises peuvent notamment mettre en place des politiques et/ou des pratiques visant à favoriser le bien-être de leurs salariés, en instaurant par exemple plus de flexibilité dans l’organisation du travail : travail à distance, horaires de travail flexibles, semaine de 4 jours, congés illimités… En France, 10 000 salariés bénéficieraient d’un jour de repos par semaine d’après le Ministère du Travail, et plus de 300 entreprises auraient déjà mis en place le congé « illimités » !

Mais la flexibilisation de l’organisation du travail peut-elle avoir un réel impact sur la charge mentale professionnelle ? D’après une récente enquête d’IWG, 72 % des personnes interrogées en travail hybride (c’est-à-dire travaillant au moins 1 jour minimum hors du bureau) déclarent avoir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et avoir également plus de temps à consacrer à leurs proches. Dans le cas présent, la flexibilisation de l’organisation du travail est un levier dans la préservation de sa santé mentale et peut donc éventuellement jouer rôle dans la diminution de la charge mentale professionnelle.

Ce qui est certain, c’est que les salariés aspirent désormais à davantage de flexibilité. En effet, selon un sondage OpinionWay pour Slack publié à l’autonome 2022, 76 % des personnes interrogées souhaitent bénéficier de conditions de travail plus flexibles et près de la moitié (46 %) envisageraient de changer d’emploi en raison d’un manque de flexibilité de leur entreprise actuelle.

Et vous, comment favoriseriez-vous le bien-être des salariés ?

Sources :

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